Manifestement, le principal problème de nos économies (des pays dits industrialisés & développés) est leur incapacité à réduire le fardeau de leur dette.
Pour retarder l’accroissement de la dette, on peut réduire les budgets (la fameuse ‘rigueur’), mais pour réduire la dette, il faut augmenter les recettes de l’Etat. Or, le poste principal de recettes en France étant la TVA, réduire la dette revient à augmenter les dépenses de consommation. Ou encore, permettre à un maximum de Français d’accéder à des revenus leur permettant de consommer au-delà des biens de première nécessité. Dit autrement, réduire la dette équivaut à relancer la machine de l’emploi, c’est-à-dire à résorber le chômage. C’est pour cela par exemple que cette statistique est particulièrement suivie aux Etats-Unis.
Dans le contexte français, un problème apparaît: réduire la dette nécessite la création d’emplois nouveaux. Or, la création d’emploi nécessite de la croissance et des opportunités, et de la visibilité sur le futur. Or, la croissance suppose de nouveaux investissements qui ne pourront être entrepris qu’avec une dette plus raisonnable. Problème! le serpent se mord la queue. Emploi nécessite Croissance qui nécessite Emploi.
La solution viendrait donc d’un changement de paradigme. Ce paradigme nouveau serait celui d’un coût de l’emploi moindre pour les entreprises, sans que celui-ci n’impacte la capacité de financement de l’Etat.
Ma proposition est donc: supprimons les charges sociales, augmentons la TVA. Supprimer les charges sociales aura pour bénéfice immédiat de réduire le coût du travail, et donc d’augmenter les effectifs des entreprises. Augmenter la TVA permettra de rendre cette mesure beaucoup moins douloureuse pour l’Etat dans un premier temps, et clairement très rentable dans un second temps: les nouveaux emplois créés permettront d’augmenter le pouvoir d’achat des Français, et donc la consommation, et donc la croissance, et donc les recettes de la TVA (une invention française d’ailleurs, politiquement géniale), et donc la capacité de l’Etat à refinancer sa dette.
La suppression des charges sociales aurait également pour bénéfice de donner une nouvelle chance à l’industrie française. Les industries qui nécessitent de forts investissements en main d’oeuvre qualifiée (un exemple que je connais bien: l’industrie du logiciel qui demande plusieurs mois dans le web, plusieurs années dans le logiciel d’entreprise ou embarqué, d’investissements des équipes de R&D dans la conception et le développement des produits) se verront en effet soulagées pendant leur période initiale de création des offres. Les capitaux investis dans ces projets en phase d’investissement seront donc à 100% consacrés à la réalisation de l’objectif (construire les produits), plutôt qu’en partie versés en charges sociales à l’Etat, ce qui aura pour conséquence favorable de réduire les temps de démarrage, de disposer d’acteurs plus forts car aux produits disposant de budgets significativement plus importants, et donc d’augmenter in fine la recette de l’Etat grâce à un taux de TVA beaucoup plus lucratif.
Un calcul de coin de table me fait penser qu’une TVA augmentée de 50% (de 19,6% à 30%, pour faire simple) rendrait la suppression complète des charges sociales quasi indolore dans un premier temps, et souvent (en fonction du scénario) très rentable dans un second temps.
Bien sûr et enfin, si supprimer les charges sociales permettrait sans doute aux entreprises d’embaucher plus, il faudrait pour qu’elles embauchent mieux évoquer ici les sujets de l’Education, de la Formation continue, de l’immigration, de la flexibilité du travail, de l’esprit d’entreprendre, de la perception sociale de la réussite,… Pareil pour la consommation: c’est bien beau de l’augmenter pour permettre à l’Etat, grâce aux recettes de la TVA, de relancer la croissance; mais quid des impacts environnementaux de la croissance? Plus de produits consommés, ce sont plus de produits à fabriquer donc plus de matières premières extraites au stade de fabrication, plus d’énergie à fournir pour les acheminer, plus de ressources pour les utiliser, et plus de déchets à traiter. Cela impose de repenser la conception des produits, de leur cycle de vie, de repenser notre manière de consommer. Mais bon, tous ces sujets dépassent largement l’ambition de cet article. Chaque chose en son temps.
Cette proposition (supprimer les charges sociales et les remplacer par une TVA augmentée) n’est clairement pas de moi, je l’ai maintes fois entendue, sous différentes formes, et depuis des années, mais une reformulation ne faisant jamais de mal, j’espère que ces lignes seront lues par les bonnes personnes.