Le débat sur la compétitivité de la France est enfin lancé

Complètement absent de la campagne présidentielle de 2012, ce n’est que depuis quelques jours, avec la sortie médiatique du P-DG de Renault-Nissan Carlos Ghosn sur le sujet et l’arrivée prochaine du rapport de Louis Gallois sur la table du gouvernement, que le terme Compétitivité apparaît sur la place publique.

Mon gourou économique, Robert Reich (en photo ci-contre), qui fut le conseiller de Bill Clinton, a démontré dans L’Economie Mondialisée, un bouquin absolument passionnant, que le rôle d’un Etat efficace doit être d’être obsédé par l’amélioration de la compétitivité de son territoire, c’est-à-dire sa capacité d’attraction et de rétention des entreprises, des emplois, des talents.

J’avais été à l’époque convaincu de cette conclusion, que j’aurais espérée mieux partagée par notre gouvernement.

Mais voyons d’abord quelques chiffres:
– d’après The Economist, sur les 12 dernières années, le coût du travail a augmenté de 28% en France contre 8% en Allemagne;
– d’après Henri Lagarde, capitaine d’industries (Philips, Thomson, Royal Canin) et auteur de l’excellent ouvrage comparatif de 2 PMI françaises et allemandes France-Allemagne, du chômage endémique à la prospérité retrouvée, 1 euro de salaire coûte 1,38 euros avec les charges sociales en France contre 1,17 euros charges sociales incluses en Allemagne;
– dans le même temps, comme le montrent les graphiques ci-dessous, le positionnement industriel allemand fait mieux que résister à l’émergence de nouvelles puissances, et les exportations germaniques continuent à croître alors que les exportations françaises s’étiolent à bon rythme.

J’avais eu une lueur d’espoir tout de même, avec l’extension de l’assiette du Crédit Impôt Recherche ou encore la création d’un PEA dédié aux PME pour commencer à résoudre la source principale des faillites à savoir leur sous-capitalisation chronique.

Mais mes espoirs furent vite douchés:
suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires
rabotage des bénéfices fiscaux liés au statut de Jeune Entreprise Innovante
abandon du projet de restriction du Crédit Impôt Recherche aux seules PME et ETI (et non plus aux grands groupes qui en sont les principaux bénéficiaires)
enterrement du projet de TVA sociale du gouvernement précédent qui aurait facilité les embauches dans des projets capitalistiques
… des couleuvres que j’étais prêt à faire avaler par notre entreprise pour participer à l’effort de guerre, jusqu’au projet de budget 2013 faisant apparaître la très commentée taxation confiscatoire des plus-values sur le capital de 60%, qui a le don d’annihiler toute velléité d’entreprendre pour réussir.

Ma contre-attaque sera double:
– je m’étais auparavant interdit de procéder à un travail de planification fiscale, ayant appris au travers la lecture d’articles de recherche académique très sérieux que les entreprises qui n’en disposaient pas étaient plus performantes sur le long terme. Mais je pense maintenant que pour ma société comme pour moi-même, le jeu en vaudra la chandelle le moment venu;
je me joins de manière inconditionnelle et avec beaucoup de plaisir au très sympathique et dynamique mouvement des pigeons, ces entrepreneurs qui comme Rupert et moi ont choisi la France comme terre d’innovation et de création d’emplois. Le pigeon apprécie beaucoup la France qu’il peuple abondamment. Mais le pigeon sait aussi migrer vers d’autres cieux si cela s’avère une question de survie de l’espèce.

Je dois tout de même avouer être assez heureux que le débat sur la Compétitivité soit lancé: mieux vaut tard que jamais! Je pense que nos Ministres de l’Economie, Pierre Moscovici, et du Travail, Michel Sapin, sont des personnages clairvoyants, qui ne vont pas ignorer les nombreuses réactions que suscitent le projet de loi de finances pour 2013 de François Hollande.

Investir dans l’environnement: faut-il y aller?

J’échange souvent avec des investisseurs, particuliers qui jouent en bourse, professionnels du métier, amateurs de tickets dans des sociétés privées comme le sont les actionnaires de Verteego, autour de la capacité de la thématique environnementale à être une thèse d’investissement pérenne. Ma conviction est que, bien sûr, au même titre que le software dont les fondamentaux (automatiser des tâches répétitives, mettre en relation, faciliter la collaboration, embarquer de l’intelligence métier dans des services) sont immuables, l’environnement est une lame de fond sociétale dont tout portefeuille d’investissements digne de ce nom doit disposer d’une exposition. Comme toute industrie, celle de l’environnement n’est pas exempte de petits défauts de conception. Voici en quelques lignes un résumé des fondamentaux du secteur environnemental.

Oui, il faut s’investir dans le green

Le sous-jacent environnemental est pour moi celui dont les offres de produits comme de services préservent ou augmentent les ressources naturelles (matières premières, empreinte hydrique, empreinte déchets, empreinte carbone, empreinte énergétique, biodiversité,…) dans le plus strict respect de la santé des populations (innocuité des produits / prise en compte de la toxicité tout le long de leur cycle de vie, pollution atmosphérique, air intérieur,…) tout en étant des vecteurs de création de valeur économique pour ses parties prenantes.
C’est en tous cas dans cette philosophie qu’avec nos équipes nous construisons tous les jours un peu plus Verteego et comme ça que nous avons pu conceptualiser notre thématique applicative qui est l’environnement (notre moyen ou technologie étant le logiciel en SaaS).

Le sujet de l’environnement renferme sans aucun doute possible un vivier foisonnant d’innovations transversales technologiques comme dans les usages, où beaucoup de choses restent à faire pour porter la recherche sur le marché. C’est aussi un sujet qui fait l’objet d’une demande soutenue, croissant plus rapidement que la moyenne des marchés, et qui est très largement propice au développement à l’international en raison du développement, qui se voudrait durable, de pays émergents.

Non, pas de green dans mon portefeuille

Pour autant, l’industrie de l’environnement n’est, comme tous les secteurs, pas parfaite.
Quand bien même l’on pourrait penser que les valeurs environnementales sont des valeurs défensives, c’est-à-dire contra-cycliques en raison de la persistance de la nécessité d’éco-concevoir l’activité humaine, ma conviction dorénavant est que les acteurs de l’environnement sont assez dépendants des cycles économiques. L’environnement est en effet un secteur très normatif où la loi, l’application de la loi, et les incitations financières publiques conditionnent la vitesse de maturation d’un marché. Ce qui crée une dépendance à une partie prenante par construction complexe. Or, en cas de mauvaise conjoncture, les pouvoirs publics rabotent les niches fiscales, réduisent les enveloppes de financement, se montrent moins regardants de la conformité et de l’application des sanctions, et avalisent d’autant moins les projets de nouvelles lois environnementales qu’eux aussi sont évalués sur leur capacité à maintenir l’équilibre budgétaire. D’où mon opinion sur le caractère relativement cyclique des sous-jacents environnementaux, tant que les indicateurs de performance économique n’auront pas systématiquement intégré un signal prix pour les ressources naturelles et la santé des populations, qui sont des biens publics.

J’espère avoir contribué à vous forger votre propre avis sur ce sujet. Vous connaissez en tous cas le mien: les enjeux environnementaux sont passionnants et leur potentiel de création de valeur exponentiel. En effet, nous ne pouvons pas nous passer d’un monde plus économe en ressources, plus circulaire aussi, et dans la mesure où la matière fournie par la nature est disponible en quantités finies, il est nécessaire que nous changions nos modèles, et vite.

Développement durable, cash flows et marchés financiers

Les marchés financiers traversent une période mouvementée, sur fond de crise liée à l’endettement grec, d’ombres sur les économies états-uniennes et italiennes, et de crise des fonds propres des banques françaises devant les incertitudes principalement macroéconomiques. Pour faire simple, au cours des 3 derniers mois, leur volatilité a doublé, et leur valeur a perdu 25%.

Or, la volatilité reflète notre visibilité sur la stabilité du monde, et la valeur des marchés l’anticipation des flux de trésorerie de l’ensemble des entreprises cotées. La formule ci-dessus, bien connue, établit que la valeur actuelle nette d’un actif (ici le sous-jacent CAC 40 par exemple), c’est la somme de ses cash flows (CF) futurs actualisés d’un taux i (correspondant au coût moyen pondéré du capital, c’est-à-dire la moyenne pondérée du capital et de la dette des entreprises du CAC 40) sur une perpétuité (c’est-à-dire quand N tend vers l’infini), moins l’investissement initial.

En résumé, plus les cash flows actualisés sont prédictibles de manière certaine sur le long terme, moins grande sera la volatilité. Plus les cash flows actualisés prédits sont importants sur une perpétuité, plus grande sera la valeur.

Si aucune entreprise cotée n’a, pour l’heure et à ma connaissance, pour mission ou ambition de sauver la Planète, toutes les entreprises ont un intérêt bien compris d’un point de vue de la prédictibilité de leurs flux de trésorerie futurs à disposer d’un environnement d’affaires stabilisé, prévisible, équilibré, préservant les écosystèmes, les ressources énergétiques et naturelles, le mojo de ses salariés, et les grands équilibres sociétaux.

L’absence de stratégie active, opposable, systématique de développement durable rend plus difficile, plus opaque, l’évaluation de la valeur d’entreprise, dans la mesure où le doute subsiste quant à la réalité des efforts déployés par le management pour intégrer au coeur des équations économiques les critères environnementaux et sociaux – ce qui met en risque le business et la réputation (traduite par la valeur de ses capitaux immatériels, ou goodwill) de l’entreprise dans le pire des cas à court terme (hausse des prix de l’énergie, tarissement des matières premières, incapacité à répondre aux exigences des clients, saut quantique d’un concurrent…) , dans le pire à moyen terme (scandale sur l’utilisation de substances toxiques par des fournisseurs, catastrophe naturelle, signal prix réglementaire sur les émissions de gaz à effet de serre, guerre des talents,…). Et la valeur de l’entreprise diminue, en corrélation avec la prédictibilité de ses cash flows, au fur et à mesure que l’incertitude sur la volonté de l’entreprise de contribuer à la stabilité de son terrain de jeu s’installe.

Le logiciel au cœur de la politique industrielle du Brésil

Pour des raisons professionnelles, je commençais il y a un an environ à suivre l’actualité du Brésil. Depuis, Verteego et son excellent partenaire brésilien Proactive Consultoria, ont signé un premier et magnifique client en commun, Andrade Gutierrez, le géant de la construction sud-américaine. Il va sans dire que ma curiosité s’est vite transformée en intérêt marqué…

Même si scène est largement occupée par les arrestations de la Présidente Dilma Roussef des officiels pris en flagrant délit de corruption, une mesure récente du gouvernement a retenu toute mon attention.

La fiscalité brésilienne est très lourde, notamment la fiscalité du travail: il en coûte aux entreprises 1,41 reais en moyenne par real de salaire versé. Ce qui a pour conséquence que les industries intensives en capital humain n’embauchaient pas aussi vite qu’elles le pouvaient. Outre le textile, la chaussure, et les meubles, l’industrie du logiciel est considérée comme relevant d’un potentiel fort de recrutement et de développement de talents.

La mesure du gouvernement est la suivante: à partir du 1er octobre 2011, et pendant 18 mois, les entreprises brésiliennes du secteur du logiciel verront leurs charges sociales soulagées de 20%. En échange, elles verseront une taxe annuelle de 2,5% de leur chiffre d’affaires (1,5% pour le textile, la chaussure et les meubles en raison de l’alourdissement de leurs structures de coûts lié aux achats de matières premières).

Si cette mesure à l’issue des 18 mois probatoires est un succès, le gouvernement pourrait bien décider de l’étendre à d’autres secteurs économiques.

Personnellement, je trouve cette idée excellente: elle permet de lever les barrières à l’embauche d’une équipe solide tout de suite, tout en donnant aux entreprises qui doivent prendre le temps d’investir dans leur actif technologique de la souplesse pour bâtir de bons produits & services avant d’aller les vendre. Et ce n’est que dès lors qu’il y a transaction avec un client, et donc valeur ajoutée, que le gouvernement vient récupérer justement sa contribution à la création de cette valeur.

Une telle mesure appliquée en France permettrait aux éditeurs de logiciels de disposer d’équipes complètes (chef de produit, architecte logiciel, développeurs, administrateur base de données, testeurs, documentalistes, support, services professionnels) plus tôt dans leur cycle de maturation, leur permettant d’augmenter plus vite la qualité logicielle, et ainsi d’arriver sur le marché suffisamment armés contre la concurrence de leurs rivaux américains mieux capitalisés et les exigences des très grands comptes internationaux en matière de largesse et profondeur de la couverture fonctionnelle de la solution. S’il s’agissait de consommateurs ou de PME, on sait que les éditeurs qui créent le plus de valeur sur le long terme sont ceux qui développent des plateformes sur lesquelles des applications développées par d’autres éditeurs peuvent venir se clipser. Or, de telles plateformes sont très complexes à concevoir et longues à développer proprement: la mesure brésilienne adaptée à la sauce hexagonale permettrait à de telles entreprises éditrices de plateformes logicielles de pouvoir émerger depuis la Gaulle.

Le Brésil dégage une sérénité entrepreneuriale exceptionnelle qui n’a pas l’air de vouloir s’arrêter en si bon chemin tant le libéralisme économique semble ancré dans la Société: Erik Orsenna, dans son essai sur le coton (« Voyage au Pays du Coton, petit précis de mondialisation ») le qualifiait même de seul pays véritablement libéral qu’il avait visité (et n’incluait pas les Etats-Unis, et certainement pas la Chine, dans cette catégorie). Le Brésil a aussi compris qu’une industrie du logiciel forte était un gage de création d’emplois qualifiés certes, mais aussi de compétitivité et de rayonnement tellement le logiciel transpire par nature dans tous les secteurs industriels dont il est fournisseur. Pourtant, le Brésil ne fait pas encore tout bien: dans le même paquet de réforme de la politique industrielle qui comptait, outre cette mesure selon moi exceptionnellement intelligente de transfert d’impôt du travail vers le volume d’activité pour les éditeurs de logiciels, on pouvait trouver des mesures affreusement protectionnistes telles qu’un quadruplement des effectifs douaniers, ou encore, pire, une préférence domestique pour les marchés publics… On peut néanmoins le comprendre: si ses concurrents sur l’échiquier mondial ne jouent pas le jeu du libre-échange, pourquoi le Brésil devrait-il être le dindon de la farce?

Supprimer les charges sociales pour réduire la dette de la France

Manifestement, le principal problème de nos économies (des pays dits industrialisés & développés) est leur incapacité à réduire le fardeau de leur dette.

Pour retarder l’accroissement de la dette, on peut réduire les budgets (la fameuse ‘rigueur’), mais pour réduire la dette, il faut augmenter les recettes de l’Etat. Or, le poste principal de recettes en France étant la TVA, réduire la dette revient à augmenter les dépenses de consommation. Ou encore, permettre à un maximum de Français d’accéder à des revenus leur permettant de consommer au-delà des biens de première nécessité. Dit autrement, réduire la dette équivaut à relancer la machine de l’emploi, c’est-à-dire à résorber le chômage. C’est pour cela par exemple que cette statistique est particulièrement suivie aux Etats-Unis.

Dans le contexte français, un problème apparaît: réduire la dette nécessite la création d’emplois nouveaux. Or, la création d’emploi nécessite de la croissance et des opportunités, et de la visibilité sur le futur. Or, la croissance suppose de nouveaux investissements qui ne pourront être entrepris qu’avec une dette plus raisonnable. Problème! le serpent se mord la queue. Emploi nécessite Croissance qui nécessite Emploi.

La solution viendrait donc d’un changement de paradigme. Ce paradigme nouveau serait celui d’un coût de l’emploi moindre pour les entreprises, sans que celui-ci n’impacte la capacité de financement de l’Etat.

Ma proposition est donc: supprimons les charges sociales, augmentons la TVA. Supprimer les charges sociales aura pour bénéfice immédiat de réduire le coût du travail, et donc d’augmenter les effectifs des entreprises. Augmenter la TVA permettra de rendre cette mesure beaucoup moins douloureuse pour l’Etat dans un premier temps, et clairement très rentable dans un second temps: les nouveaux emplois créés permettront d’augmenter le pouvoir d’achat des Français, et donc la consommation, et donc la croissance, et donc les recettes de la TVA (une invention française d’ailleurs, politiquement géniale), et donc la capacité de l’Etat à refinancer sa dette.

La suppression des charges sociales aurait également pour bénéfice de donner une nouvelle chance à l’industrie française. Les industries qui nécessitent de forts investissements en main d’oeuvre qualifiée (un exemple que je connais bien: l’industrie du logiciel qui demande plusieurs mois dans le web, plusieurs années dans le logiciel d’entreprise ou embarqué, d’investissements des équipes de R&D dans la conception et le développement des produits) se verront en effet soulagées pendant leur période initiale de création des offres. Les capitaux investis dans ces projets en phase d’investissement seront donc à 100% consacrés à la réalisation de l’objectif (construire les produits), plutôt qu’en partie versés en charges sociales à l’Etat, ce qui aura pour conséquence favorable de réduire les temps de démarrage, de disposer d’acteurs plus forts car aux produits disposant de budgets significativement plus importants, et donc d’augmenter in fine la recette de l’Etat grâce à un taux de TVA beaucoup plus lucratif.

Un calcul de coin de table me fait penser qu’une TVA augmentée de 50% (de 19,6% à 30%, pour faire simple) rendrait la suppression complète des charges sociales quasi indolore dans un premier temps, et souvent (en fonction du scénario) très rentable dans un second temps.

Bien sûr et enfin, si supprimer les charges sociales permettrait sans doute aux entreprises d’embaucher plus, il faudrait pour qu’elles embauchent mieux évoquer ici les sujets de l’Education, de la Formation continue, de l’immigration, de la flexibilité du travail, de l’esprit d’entreprendre, de la perception sociale de la réussite,… Pareil pour la consommation: c’est bien beau de l’augmenter pour permettre à l’Etat, grâce aux recettes de la TVA, de relancer la croissance; mais quid des impacts environnementaux de la croissance? Plus de produits consommés, ce sont plus de produits à fabriquer donc plus de matières premières extraites au stade de fabrication, plus d’énergie à fournir pour les acheminer, plus de ressources pour les utiliser, et plus de déchets à traiter. Cela impose de repenser la conception des produits, de leur cycle de vie, de repenser notre manière de consommer. Mais bon, tous ces sujets dépassent largement l’ambition de cet article. Chaque chose en son temps.

Cette proposition (supprimer les charges sociales et les remplacer par une TVA augmentée) n’est clairement pas de moi, je l’ai maintes fois entendue, sous différentes formes, et depuis des années, mais une reformulation ne faisant jamais de mal, j’espère que ces lignes seront lues par les bonnes personnes.

Sur les agences de notation

Tous les médias, observateurs, économistes, y vont de leurs commentaires sur les agences de notation. Il n’y a donc aucune raison, bien sûr (…), que je ne vous livre pas le mien – à l’heure où S&P a dégradé pour la première fois les US, et que l’Europe est menacée, après la crise grecque, d’une rebelote italo-hispano-irlando-portugaise.

Vouloir supprimer les agences de notation me semble être aussi hérétique que les rendre coupables de la crise qui nous touche tous. Le plus amusant, c’est que les utilisateurs des notations, c’est-à-dire les opérateurs de marchés, sont les premiers à critiquer la crédibilité de ces agences. La finance a-t-elle perdu son libre arbitre au point de n’être plus en capacité de « prendre position » en faisant fi de l’avis de tiers, quitte à se tromper?

Certes, les agences sont devenues trop puissantes: c’est un oligopole (3 agences détiennent 90%+ du marché) qui a de surcroît réussit à se donner un caractère institutionnel, en influençant significativement la cote obligataire des pays qui viennent se financer sur les marchés. Bravo à elles.
Plutôt que vouloir rendre l’oligopole monopole en confiant 100% du droit de notation au FMI (absurde selon moi car d’autres agences vont immédiatement être recrées, sinon c’est porter atteinte à la liberté d’entreprendre) quid de renforcer les agences du tier 2, voire, par le jeu de la concurrence, de stimuler un découpage en appartements des agences dominantes?
Certes les agences se trompent, mais quel économiste ne s’est jamais trompé?
Certes les agences n’anticipent pas, mais comment anticiper quoi que ce soit, alors que par définition un marché, selon la formule consacrée, « achète la rumeur et vend la nouvelle »?

Selon moi, le débat des agences de notation est un cas d’école de faux débat économique: si leurs copies étaient à ce point hors sujet, personne ne les écouteraient. Les vrais sujets sont ailleurs, dans la révision des fondamentaux d’un développement économique et social durable. A l’échelle supra-nationale. Et là, ça devient tout à coup beaucoup plus compliqué.